Anecdote

À la fin des années 50, la télévision prenant son essor, la vente des postes de réception commença à se développer timidement. À l’époque, les rares possesseurs d’un récepteur créaient l’événement et il n’était pas rare que les voisins s’assemblent chez eux pour regarder ces petites boîte remplies d’images animées.

 

M. Champion


À Saint-Jean, un des premiers à en posséder fut monsieur Champion, maire du village, voisin immédiat de la boulangerie de monsieur Levert.


Les programmes, qui à ce moment ne commençaient qu’en soirée étaient attendus avec impatience, et dès les premières images les téléspectateurs se rassemblaient autour du poste.


Monsieur Champion, bien évidemment, ne voulait pas rater les premières émissions.


Pe-trins-Mahot.jpgC’est dans cette période que monsieur Levert, pour atténuer la pénible tâche du pétrissage de la pâte, décida d’acheter un pétrin mécanique. Pas le dernier modèle débordant de modernisme, ses modestes moyens ne lui permettaient pas, mais un pétrin tout simple, d’occasion, qui ne fonctionnait qu’entraîné par un moteur annexe.


Ce moteur annexe, tout comme le pétrin n’était pas de la dernière génération. Il consistait en un moteur de type Bernard, pétaradant et fumant, qui par l’intermédiaire d’une courroie transmettait à deux poulies, l’une reliée au moteur l’autre au pétrin, le mouvement de rotation nécessaire au brassage de la pâte.


Ce pétrissage idéal avait au moins l’avantage d’être régulier et de soulager la tâche du boulanger, ce qui était loin d’être négligeable.


Télé brouilléeSeulement ce moteur présentait, en dehors du bruit et de l’odeur, un inconvénient que ne percevaient pas ceux qui le regardaient fonction-ner, mais qu’un poste radio et surtout une télévision ne supportait pas, je veux citer les parasites. Car le moteur en question ne possédait pas ces équipement antiparasites, comme le furent équipés plus tard les moteurs en général.


Et comme fréquemment le pétrin commençait sa ronde à l’heure où débutaient les émissions, invariablement le père Champion surgissait de sa maison tel un diable de sa boîte et gueulait au père Levert d’arrêter son « bon dieu de moteur » qui l’empêchait de regarder sa télé.

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