La garde nationale (16)

La garde nationale et la guerre de 1870 (Sources diverses)

 

Les gardes nationaux comprenaient la garde nationale sédentaire, garde nationale mobile, garde nationale mobilisée. La garde nationale sédentaire devait rester dans son lieu d’origine. La garde nationale mobile serait appelée à se déplacer tout en dépendant du ministre de l’intérieur. La garde nationale mobilisée serait appelée à faire partie de l’armée et dépendra du ministre de la guerre. Les mobiles ou mobiles de 1870 ne sont autres que les gardes nationaux mobiles ou mobilisés.

 

La guerre de 1870 va, comme l’invasion de 1814, mettre la garde nationale au premier plan et lui donner une place qu’elle n’avait jamais eue. La guerre éclate le 19 juillet 1870. Une armée capitule dans Sedan le 2 septembre et une deuxième est enfermée dès le 18 août dans Metz où Bazaine capitule le 27 octobre. La disparition de ces deux armées allait donner un rôle prépondérant à la garde nationale. Une loi du 17 juillet 1870 appelle la garde nationale mobile à l’activité. Ce seront les fameux mobiles de 70. Un décret impérial du 7 août appelle tous les hommes de 30 à 40 ans a faire partie de la garde nationale sédentaire et « la garde nationale de Paris est affectée à la défense de la capitale et à la mise en état de défense des fortifications ». La loi du 12 août 1870, prescrit dans son article premier « La garde nationale est rétablie dans tous les départements » et dans son deuxième article « Il sera procédé immédiatement à sa réorganisation, conformément aux dispositions de la loi des 8 avril, 22 mai et 13 juin 1851 ». Le 18 août, une autre loi incorpore dans la garde mobile 40 000 jeunes gens des classes de 65 et 66 qui n’avaient aucun service militaire et dont l’inscription n’avait pas été exigée après la promulgation de la loi de 1868.

 

Rappelons avant d’aller plus loin que parmi les jeunes de Saint Jean, faisant partie de ces classes dont nous donnions les états plus haut, mobilisés et envoyés au front, trois furent tués : Hippolyte Langelez, fils de François Hippolyte et Marie-Louise Henriette Tourneur, décédé le 27 février 1871 à Arras ; Louis Paul Dugroprez, fils de feu Jean-Baptiste et de Julie Virginie Verrier, mort à Cherbourg en 1871, et Paul Léon Tourneur, fils de Jean-Louis et de Marguerite Adélaïde Magniant, mort à Metz le 25 septembre 1870. Le monument commémoratif à la mémoire des enfants de l’arrondissement de Compiègne morts sous les drapeaux pendant la guerre de 1870, inauguré le 11 août 1876, porte les noms de ces trois jeunes de Saint-Jean.

 

Le 29 août, une loi déclare que : « les bataillon de la garde nationale mobile peuvent être appelés à faire partie de l’armée d’active pendant la guerre actuelle». Cette même loi étend le terme de garde nationale : « sont considérés comme faisant partie de la garde nationale les citoyens qui se portent spontanément à la défense du territoire avec l’armé dont ils peuvent disposer et en prenant un des signes distinctifs de cette garde, qui les couvre de la garantie reconnue aux corps militaires constitués». Un décret du 13 septembre fait procéder à la révision de toutes les dispenses accordées aux gardes nationaux mobiles à titre de soutien de famille. Le 18 septembre un corps d’artillerie de la garde nationale est créé. Le 29 septembre la délégation du gouvernement de la défense nationale décrète que : « Les préfets organiseront immédiatement en compagnies de gardes nationaux mobilisés :

1° Tous les volontaires qui n’appartiennent ni à l’armée régulière, ni à la garde nationale mobile,

2° Tous les français de 21 à 40 ans, n’ayant pas de famille à charge. Un autre décret du 7 novembre 1870 en étendit l’obligation aux hommes mariés, ainsi qu’aux veufs sans enfants. Le 11 octobre, le gouvernement constate que le travail des conseils de révision est terminé et décide la formation des corps de gardes  nationaux mobilisés. L’article 11 les met à la disposition du ministre de la guerre. Le 16 octobre, un décret décide de former dans chaque bataillon de la garde nationale sédentaire une compagnie de gardes nationaux mobilisés. Ce corps auxiliaire du génie est incorporé dans la garde nationale sous le nom « légion du génie de la garde nationale » et des emplois de colonels sont créés. Le 22 novembre, un arrêté constitue l’artillerie de la garde nationale mobilisée faisant suite à un décret du 3 novembre qui avait prescrit aux départements de fournir des batteries d’artillerie. La garde nationale devenait une véritable armée.

 

Le 8 novembre, un décret parait, relatif à la mobilisation des bataillons de la garde nationale. 1° Des volontaires de tout âge ; 2° Des célibataires ou veufs de 20 à 40 ans ; 3° Des hommes mariés ou père de famille de 20 à 40 ans

 

Le 13 novembre, un décret appelait à l’activité les jeunes gens de la Seine et ceux des autres départements pour lors en résidence à Paris appartenant au contingent de la garde nationale mobile de la classe 1870.

 

Enfin le 14 décembre, un décret autorisait le ministre de la guerre à prélever dans la garde nationale mobilisée les anciens militaires. Ils devaient être dirigés vers le dépôt des corps d’infanterie le plus proche du lieu de leur résidence. En étaient exemptés ceux qui étaient officiers ou adjudants dans la garde nationale mobilisée.

 

La dissolution de la garde nationale en 1871

 

Paris investi par les troupes prussiennes le 19 septembre capitulait le 24 janvier 1871. La garde nationale de Paris, réduite à 24 000 hommes sous l’Empire, avait été portée à 90 000 hommes divisés en 60 bataillons, puis en septembre 1870 à 343 000 hommes répartis en 254 bataillons d’un effectif très inégal (de 350 à 2 000 hommes). La garde mobile de la Seine et des départements, surtout de Bretagne, avait fourni à la capitale 115 000 hommes peu exercés, commandés par des officiers improvisés.

 

Une telle masse d’hommes, écœurés par la défaire, désœuvrés par l’armistice, et mourant de faim, menaçait Paris. Le 3 février, un décret parut, portant la dissolution des régiments de la garde nationale mobilisée dits « régiments de Paris ». L’ordre ne fut pas exécuté, et le 18 mars 1871 ce fut la commune de Paris, période insurrectionnelle qui dura un peu plus de deux mois, jusqu’à la « semaine sanglante », du 21 au 8 mai, menée par les troupes régulières obéissant au gouvernement du pays dirigé par Adolphe Thiers. Le 29 mai, « considérant que les armes de guerre répandues dans Paris à profusion et sans contrôle sont tombées dans les mains de factieux et des malfaiteurs, et que le désarmement peut seul, en ce moment, garantir la sécurité publique », le gouvernement décide la dissolution des gardes nationales de Paris et du département de la Seine.

 

Le 25 août 1871 une loi dissolvait les gardes nationales dans toute la France. Etaient exceptées les compagnies de sapeurs-pompiers, jusqu’à ce qu’un règlement d’administration publique pourvut à l’organisation générale de ces corps. Dans les campagnes le rôle de la garde nationale, en temps de paix, fut beaucoup plus prosaïque. Quand on parlait d’elle, c’était plus parler des compagnies de sapeurs-pompiers, comme nous le verrons lorsqu’on abordera le sujet.


Les armes des gardes nationaux devaient être déposées dans les arsenaux de l’Etat. La dissolution sera effectuée lentement.

 

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Durant 82 ans, avec quelques périodes de mise en sommeil ou de dissolution, la garde nationale a été chargée d’assurer la défense intérieure de l’état ; elle a su faire front aux invasions de 1814 et 1870, pourtant peu faite pour être mobilisée.


Les archives de la commune nous gardent précieusement cet épisode de l’histoire de notre village. Excusez d’en avoir publié une grande partie, mais elles le méritent bien et vous deviez en avoir connaissance.


F I N

2 réflexions sur “La garde nationale (16)”

  1. Bravo Robert pour ce morceau d’antologie historique. Un exemple pour nos jeunes gens, qui parfois sont un peu court dans ce domaine ! Bien amicalement

    1. La chance c’est d’avoir des archives si bien conservées. Un grand merci à nos prédécesseurs qui nous les ont transmises.

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