Sainte Euphrosine (suite)

 

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La Sainteté d’Euphrosine fut déclarée presque aussitôt après sa mort, par un miracle éclatant. Son culte s’étendit rapidement dans tout l’Orient, où la fête  a été longtemps fixée au vingt-cinquième jour de septembre.

 

On n’est pas d’accord sur les circonstances, qui ont précédé & qui ont accompagné la Translation des Reliques de Sainte Euphrosine en France. Les uns prétendent, que ces Reliques furent conservées dans la ville d’Alexandrie, jusqu’au temps de la Croisade, à laquelle le Roi Louis VII eut part ; que ce Prince ayant obtenu des Chrétiens d’Alexandrie le corps de la Sainte, il le fit transporter en France. D’autres avancent, que le corps de Sainte Euphrosine fut d’abord transféré d’Alexandrie à Rome, & que le Roi Louis VII le reçut du Pape en présent, un onzième jour du mois de février.

 

Les sentiments sont encore partagés touchant les circonstances, qui ont fait passer les reliques de Sainte Euphrosine au pouvoir des Religieuses de S. Jean-au-Bois. Les uns assurent, que l’Abbesse Rosceline demanda au Roi Louis VII la Chasse de Sainte Euphrosine, & que ce Prince accorda cette Chasse à l’Abbesse. D’autres racontent aussi l’histoire de la Translation des Reliques du Palais du Roi à S. Jean-au-Bois.

 

Le Roi avait destiné la Châsse de la Sainte à une Église qu’il faisait bâtir à Reims. Lorsque l’Église fut achevée, il fit remettre cette châsse à des Députés de cette Église, qui se chargèrent de la conduire avec la décence & les honneurs convenables. Les Députés posèrent le corps de Sainte Euphrosine sur une voiture qu’ils avaient préparée, & prirent la route de Reims par la chaussée Brunehaut, le seul chemin public de la contrée où l’on pouvait voyager commodément.

 

Les conducteurs arrivèrent à la nuit assez près de S. Jean-au-Bois. L’Abbesse Rosceline eut, dit-on, révélation du passage de ces Reliques ; on ajoute même, que du moment où la voiture entra sur la partie du territoire de S. Jean-au-Bois, que la chaussée traverse, les cloches sonnèrent toutes seules, c’est-à-dire, qu’on ne vit personne sous le clocher qui les sonnait.

 

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Rosceline fit inviter les conducteurs à venir prendre quelques repos dans son Monastère ; ce que ceux-ci acceptèrent. Ils avaient laissé la voiture sur le grand chemin, où ils se proposaient de retourner, après quelques heures de délassement. Mais Rosceline fit tant d’instance aux voyageurs pour les engager à passer la nuit au couvent, que ceux-ci ne purent se refuser à la politesse de son procédé. L’Abbesse envoya deux Novices au chariot, avec ordre de prendre les Reliques, & de les apporter dans l’Église du Monastère. Ses ordres furent ponctuellement exécutés.

 

L’hospitalité que Rosceline exerçait avec un si grand zèle, partait d’un principe d’intérêt, & d’un désir ardent d’acquérir, à quelque prix que ce fut, la propriété des Reliques. Soit qu’elle fut assurée du consentement du Roi, soit qu’elle eut gagné les conducteurs, les Reliques de Sainte Euphrosine demeurèrent dans l’Église de S. Jean-au-Bois, où il s’établit un pèlerinage, qui s’est soutenu par la dévotion des fidèles, jusqu’en 1631, que les Religieuses furent transférées à Royal-lieu.

 

On fait encore à S. Jean-au-Bois la fête de Sainte Euphrosine, le Dimanche après la Quasimodo. On rend le même jour à cette Sainte un culte beaucoup plus solennel, à Royal-lieu. Avant le Translation des Reliques à S. Jean-au-Bois, on célébrait cette Fête le onze Février. On va en pèlerinage à Sainte Euphrosine de Royal-lieu pour la fièvre.

 

Encore célébrée au tout début du siècle dernier, cette tradition est tombée en désuétude depuis bientôt un siècle. Qui des nouveaux habitants connaît ne serait-ce que le nom de la patronne du village.

 

(à suivre)

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