Les petits réfugiés juifs allemands à La Brévière

Le 2 janvier dernier me parvenait le message d’une femme habitant les Pays-Bas demandant s’il était possible de retrouver des informations concernant son père qui, en 1934, avait séjourné au château de La Brévière. A l’époque, l’enfant qu’il était, faisait partie d’un groupe d’enfants juifs allemands hébergés par le Comité français de l’Union internationale de secours aux enfants (Organisation patronnée par la Croix Rouge).

 

Quelques-uns de ces enfants furent un temps scolarisés dans l’école publique de Saint Jean, dont l’instituteur du moment était monsieur Condette ; Huguette Billoré à peu près du même âge que celui de l’enfant dont il s’agit ici, se souvient de leur présence dans la classe. Simone Pannetrat-Berganzo, un peu plus jeune se souvient de Thomas, un nom qui l’avait frappé. 


Les archives communales conservent les registres scolaires des enfants admis à l’école entre le 1er janvier 1890 et 22 avril 1947, il fut donc facile de retrouver les renseignements concernant le petit Cristoph Hollaender, né le 26 décembre 1924, dont le père s’appelait Otto et qui habitait à Paris, 8e arrondissement, boulevard de la Porte Royale, hôtel Porte Royale. Il était entré à l’école de Saint-Jean le 5 janvier 1934.

 

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Le château de La Brévière vers 1935


De toutes les photos de classe qui figurent à présent dans les archives, nous n’avons malheureusement pas celle de l’année 1934 où nous aurions peut-être pu voir le petit Cristoph figurer parmi les élèves.


Dans son message, Madame Hollaender nous faisait savoir que son père avait écrit une courte biographie le concernant et dans laquelle il décrivait très brièvement son passage à Saint-Jean.


A ma demande, elle m’a fait parvenir une copie de ce texte en allemand, dont la traduction a été assurée par Madame Baumann que je remercie de son concours.


Car l’idée était de savoir ce qui était advenu de cet enfant. Avait-il subit le sort des centaines de milliers de juifs assassinés dans les camps nazis, où avait-il pu échapper à l’holocauste, par quel moyens et comment cela s’était-il terminé?


Petit rappel pour situer le contexte dans lequel le château, de résidence familiale, devint un lieu d’accueil humanitaire.


Au mois de janvier 1925 le dernier héritier direct des “de Royer”, Louis Henri, décède. Le château est mis en vente.


En 1927 ou en 1928 Olof Aschberg, banquier Suédois, achète le château.


Au mois d’octobre 1933 Madame Aschberg prête le domaine de La Brévière au comité Français de l’Union Internationale de secours aux enfants (organisation patronnée par la Croix-Rouge) pour qu’il y soit accueilli temporairement des enfants de réfugiés Allemands. (Il s’agissait d’enfants de familles juives fuyant pour la plupart le régime nazi).

 

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Monsieur et madame Aschberg


Il apparait que les rapports entre ces enfants et la population de La Brévière, notamment ceux de leur âge, soient harmonieux. Après accord de l’administration, les plus grands de ces enfants, fréquentèrent l’école de St Jean.

 

Comme écrit plus haut, sur le registre des élèves nous trouvons effectivement entre le 15 janvier et le 16 mars 1934 l’entrée à l’école vingt-huit de ces enfants dont neuf ne la fréquentèrent que peu de temps rejoignant leurs familles réfugiées sur Paris.

 

Après le départ de ces enfants, au mois de février 1937, M. et Mme Aschberg mettent ce domaine à la disposition de l’œuvre du foyer suédois pour les enfants de républicains espagnols, réfugiés en France. A leur tour, certains de ces enfants fréquenteront l’école communale de St Jean.

 

Dans les archives du docteur Bresset, ancien maire de Saint-Jean, qui sont déposées dans celles de la Société Historique de Compiègne, elles-mêmes déposées à la bibliothèque Saint-Corneille, nous avons trouvé des articles de journaux qui relatent la présence de ces enfants à La Brévière et le récit d’un curieux cambriolage qui y eu lieu. Pour ma part j’ai relevé plusieurs articles parus dans la Gazette de l’Oise.

à suivre

 

 

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