A voir plusieurs fois par semaine les camions bennes aux couleurs de l’A.R.C. sillonner les rues du village, nous pourrions penser qu’il en fut toujours ainsi.
Et pourtant !
Lorsque le 25 juin 1963 le conseil municipal accepte définitivement le principe du ramassage des ordures ménagères et qu’il décide d’essais préliminaires afin de déterminer dans qu’elles conditions cette opération peut-être menée à bien, il met fin, sans s’en rendre compte, à une époque qui plus jamais ne ressemblera à ce qui se passait auparavant.
Pendant très longtemps le problème des ordures ménagères ne se posait même pas. Il n’en n’existait pratiquement pas. Rien de ce qui fait la vie moderne avec ses produits multiples aux emballages jetables ne faisaient partie de la vie courante.
S’il en existait cela se limitait à quelques récipients comme les bouteilles. Mais celles-ci étaient consignées, alors les gens se gardaient bien de les jeter. Certains produits comme par exemple les yaourts n’existaient pas. Et encore lorsqu’ils sont apparus, les pots étaient consignés également. Les paquets de lessive dont on nous vante tant les mérites n’existaient pas. A la campagne on utilisait la cendre de bois et le savon en copeaux. Le beurre n’existait pas en plaquettes ; on en achetait juste ce qu’il fallait à la motte pour quelques sous. D’ailleurs à Saint Jean il était peu utilisé, les gens se servant beaucoup de l’huile de faînes qu’ils fabriquaient eux-mêmes. Nous pourrions continuer ainsi pour de nombreux produits.
Plus encore à la campagne qu’à la ville le recyclage de tout ce qui pouvait l’être faisait partie de la vie courante.
Les épluchures de légumes étaient réservées à l’alimentation des lapins, des poules ou finissaient au jardin comme composte. Les restes de table, il y en avaient peu en général, allaient aux chiens, chats et cochons. Les conserves n’existaient pas ou peu. L’été on mangeait les légumes frais du jardin au gré des saisons. On conservait pour l’hiver ceux qui pouvaient l’être à la cave où au grenier. Pommes de terre, carottes, haricots que l’on pendait au grenier pour les faire sécher, etc. Les rares conserves étaient faites maisons. Encore celles-ci se limitait à de rares produit. Il n’existait pas de bocaux spéciaux réservés à cet effet, on se débrouillait avec les moyens du bord.
Je me souviens dans ma jeunesse, qu’une fois la classe terminée, il nous fallait enfiler des haricots verts un à un dans des bouteilles de champagne récupérées je ne sais où, car les gens modestes ignoraient ce breuvage à l’époque. On tapait les bouteilles sur le cul de temps à autre pour tasser les haricots. Les bouteilles pleines et bouchées, étaient entourées d’un paillon ou de chiffons, et mises dans une lessiveuse afin de les stériliser.
Donc en ces temps reculés la vie quotidienne n’était pas encombrée de déchets ménagers comme elle l’est aujourd’hui.